Le Morse Patrimoine Culturel

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La Code Morse et sa reconnaissance comme chef-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles et cet indicatif spécial OP20CW pour commémorer les 20 ans de la signature de la convention de l’UNESCO instituant le Patrimoine Oral et Immatériel

Par définition, le patrimoine culturel, oral et immatériel (POI) englobe des pratiques et des savoirs dont chacun hérite en commun, et qu’il s’efforce collectivement de faire vivre, recréer et transmettre.

Il est intéressant de retracer l’histoire et de voir ce que nous avons hérité et comment on s’efforce de le transmettre… Nous n’allons pas raconter toute l’histoire, mais les faits marquants.

1840 : Samuel MORSE, un scientifique américain qui développe un télégraphe électrique et un alphabet qui porte son nom. À cette époque, le chemin de fer fait aussi son apparition, on a besoin de savoir si le train est parti, si la voie (de chemin de fer) est libre, etc … on a besoin de communiquer. Le télégraphe électrique utilise des électroaimants et des lignes électriques. D’ailleurs les lignes télégraphiques se développent le long des lignes de chemin de fer. Mais attention, le signal télégraphique s’écrit sur une bande de papier et un stylet encré vient déposer la trace. Courant, non-courant équivaut à une trace, pas de trace …
Et puis on perfectionne le système avec des machines automatiques sur des bandes perforées, les points à gauche, les traits à droite (ou l’inverse ?). Par la suite, on pose des câbles pour la télégraphie et la téléphonie également en mer pour relier la Grande-Bretagne au monde (ou l’inverse ?) Si vous passez par les Cornouailles (Cornwall) n’hésitez pas à aller visiter le musée de Porthcurno, c’est exceptionnel et cela vaut le détour

1865 : On est en plein essor de l’électricité. Un certain James Clerk MAXWELL unifie tout ce qu’on savait sur l’électricité et le magnétisme. Un génie qui avait la bosse des math, dérivée, intégrale, divergent, rotationnel … il résume tout ce qui concerne le champ électrique et le champ magnétique en quatre lois. Simples en formulation, ce n’est pourtant pas si facile à comprendre. Les ondes électromagnétiques répondent à ces quatre lois. Il ne savait probablement pas ce que la « radio » allait devenir.

1893 : Heinrich HERTZ fait la démonstration de l’existence des ondes électromagnétiques. Pendant les vacances, il a utilisé la bibliothèque de son université pour démontrer que les ondes électromagnétiques se propagent et que donc MAXWELL avait raison …

1895 : Guglielmo MARCONI refait la même expérience dans la villa Griffone à Bologne. Cette fois-ci les ondes allaient jusqu’au bout du jardin, soit environ à 1500 m. Mais cette découverte n’a pas attiré les foules. La maman de Guglielmo s’appelait Annie JAMESON, et le grand-père de cette dame avait fondé les distilleries du même nom, et elle connaissait bien la haute société britannique et entre autres le ministre des Postes et quelques militaires haut placés. Et c’est devant eux que MARCONI refit les expériences. Cela intéressait évidemment les Postes et les Militaires. MARCONI allait faire des expériences de transmission de plus en plus longues.

1901 : MARCONI réalise la plus célèbre des transmissions entre Poldhu (Cornouailles) et Terre-Neuve quelques 3400 km sur une fréquence de l’ordre de 300 kHz. Il existe aussi une belle reproduction de cette station à Lizard (à 5 km au sud de Poldhu), que je vous invite aussi à aller visiter  https://www.nationaltrust.org.uk/visit/cornwall/lizard-point/history-of-the-marconi-radio-stations-on-lizard-point ainsi que l’hôtel dans lequel Marconi a résidé  (pas très loin de sa station d’émission) .  Sur terre, on avait déjà installé des câbles pour téléphoner et envoyer des télégrammes. On avait fait la même chose pour traverser les mers. Mais comme les Anglais avaient des colonies dans les Indes et ils étaient intéressés de rester en communication avec les bateaux et « sans fils ». MARCONI allait créer des sociétés et installer des postes radio à bord des bateaux. Tout naturellement on continue à transmettre en radio comme on le faisait sur les lignes télégraphiques : en Morse ! Courant-non courant, trait sur le papier – pas de trait, onde radio – pas d’onde radio … c’est logique ! Et comme Marconi est un homme d’affaire, il forme des opérateurs radio (donc aussi des techniciens) qui connaissent le Morse (« des marconistes ») et ils les louent avec le matériel qu’il a installé.

Les découvertes sont parfois contestées (et oui on conteste déjà à l’époque !) par Nikola TESLA. Mais soit …

1912 : Le naufrage du Titanic. On lance des S.O.S.. 1500 victimes et 700 rescapés. La presse écrit « Tous ceux qui ont été sauvés l’ont été grâce à un homme, M. Marconi … et à sa merveilleuse invention ». Depuis lors toutes les stations maritimes observent un silence radio de h+15 à h+18 et de h+45 à h+48 afin de détecter d’éventuels messages de détresses en télégraphie Morse bien sûr !

Pour nous radioamateurs, l’aventure commence plus tard vers les années 1920 ou peut-être un peu avant. Il est difficile de préciser la date. Il semblerait que la plus vieille carte QSL date de 1922. C’étaient des amateurs d’abord intéressés par la construction de postes récepteurs pour écouter la radiodiffusion, mais ensuite ils se sont aussi laissé tenter par l’émission. Tout était « home-made » jusque dans les années 1940 où on a vu apparaître les premières firmes commerciales.

Et pour la licence de radioamateur, il fallait connaître le code Morse à 12 mots par minute, ne sait-on jamais … puisque tous les bateaux avaient encore des marconistes à bord. Et cela continua jusque dans les années 1970. Il fallait d’abord faire du Morse pendant un an avant de pouvoir faire de la phonie.

Un QSO en Morse a quelque chose de magique. D’abord essayer de copier l’indicatif. À partir de là tout est bien structuré, on donne le rapport, on donne son nom, on donne le QTH. Chaque fois séparé par un signe = . Après si on veut un peut bavarder, cela devient un peu plus compliqué. Les choses sont réglées comme par un métronome. Après UR RST on s’attend à avoir soit le traditionnel 599, soit quelque chose de plus proche de la vérité. Et puis des mots comme MY NAME IS ou MY QTH IS indiquent qu’il va falloir faire un peu plus attention, il va falloir se concentrer, car les éléments intéressants arrivent. Pour terminer par le PSE QSL BURO et les GUD DX ES 73 …

Et puis, il y a eu des clés Morse à double contact (« paddle »), et des mémoires pour automatiser l’appel durant les concours. Et puis on a utilisé le Morse pour les balises en VHF-UHF. On a utilisé le Morse pour l’identification des relais.

1999 : Abandon du Morse pour le service maritime mobile.

2003 : La WRC-03 de l’ UIT décide de supprimer l’obligation de la connaissance du code Morse pour le service amateur. L’ IBPT supprime aussitôt cette obligation.

Mais les radioamateurs continuent à émettre en Morse. Il n’y a pas un concours ou une expédition où il n’y a plus une partie réservée à la télégraphie suivant le code Morse.